Le collège du Bois d’Aulne a rendu hommage à Samuel Paty

Le samedi 16 octobre 2021, une cérémonie d'hommage s'est tenue au collège du Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine en présence des membres de la communauté éducative de l'établissement.

La communauté éducative du collège du Bois d’Aulne a rendu hommage à Samuel Paty. Après un mot d'ouverture de la cheffe d’établissement, les personnels du collège ont prononcé un discours à plusieurs voix en hommage à leur ancien collègue.

Cher Samuel,


Aujourd’hui, cela fait un an que tu es parti.


Samuel, beaucoup de gens ne te connaissent que par la parole des médias mais peu de personnes savent réellement l’homme que tu étais. C’est pourquoi aujourd’hui nous voudrions parler de toi, de celui dont nous nous souviendrons ici, au Bois d’Aulne. Nous allons tâcher cette fois de parler de toi avec nos mots à nous.


Nous sous souvenons de lui, Samuel, et du père qu’il nous semblait être pour son fils, si fier de nous le présenter lors d’une fête de fin d’année au collège. A plusieurs reprises, il nous avait déjà parlé de lui, des difficultés qu’il avait parfois à s’endormir sans leur rituel du soir, dont il gardera le secret.
Nous pensons beaucoup à son fils et à sa famille et nous sommes meurtris de penser au vide qu’il laisse dans leur vie et à toutes ces choses qu’ils auraient voulu se dire.


Nous nous souvenons que Samuel semblait toujours calme , serein et qu’il portait toujours ce sourire tranquille qui le caractérisait si bien. Il était bienveillant, à l’écoute, attentif aux détails et attentif aux autres. Il savait d’ailleurs deviner quand l’un d’entre paraissait un peu plus éteint, un peu plus fatigué. Il se préoccupait des autres. Lui, ne se plaignait pas.
Discret et serein, nous nous souviendrons toujours de Samuel avec sa légendaire écharpe violette, son sac à dos et son casque sur les oreilles en arrivant au collège.


Nous nous souvenons qu’à la cantine il pouvait parler de sa passion pour le tennis, des films qu’il aimait et de la musique qu’il écoutait, allant même jusqu’à mettre dans nos casiers des disques de rock en nous demandant d’en prendre « grand soin ».


En salle des professeurs, il lui arrivait de lancer des débats philosophiques sur la vérité, la justice ou l’égalité. Il parlait, sa tasse Star Wars à la main. Nous nous souvenons que nous riions parfois car il insistait souvent pour jouer avec l’un d’entre nous au ping-pong, toujours en salle des profs. « Une partie de ping-pong ? »... Même s’il ne restait que cinq minutes avant la reprise des cours.


Nous nous souvenons qu’il était aussi rieur et blagueur. Ses élèves de troisième se souviennent de la dernière petite blague de ce funeste jour avant les vacances.


Certains ont en mémoire la dernière fois où ils l’ont vu. En réalité, nous nous en souvenons tous. Il avait dit à certains : « bonnes vacances ».
Depuis, rien n’est plus comme avant. Nous avons perdu un collègue. Nous avons perdu un homme droit, travailleur, investi, intéressant, un
collègue, tout simplement l’un des nôtres.


C’était un professeur qui se proposait toujours pour aider, comme tuteur par exemple pour accompagner les élèves en difficulté. Ses remarques les concernant étaient fines et éclairées. Il avait souvent le mot juste. Il aimait son métier, ses élèves. Bien souvent, la porte de la salle 215 était ouverte et il posait sur les élèves un regard tranquille. Sa voix était toujours calme et bienveillante.


Défenseur de la culture et de la liberté, il était à l’initiative de plusieurs projets dans l’établissement. Avec la journée médiévale, il avait fait entrer tout un monde au collège : musique, combats, poèmes des siècles passés pour éveiller la curiosité de nos élèves. Nous avons maintenu et souhaitons d’ailleurs maintenir cette journée en sa mémoire.


Samuel était investi, confiant, courageux, profondément respectueux avec ses élèves. Malgré cette bienveillance et cette lumière qu’il apportait, on l’a tué, lui, l’homme, justement pour ce qu’il représentait. Un homme qui incarnait notre école républicaine, nos valeurs, un homme qui tentait de développer l’esprit critique de ses élèves dans une société où les réseaux sociaux ont une place prépondérante.

 

Mais à cause de la propagation de fausses informations, du manque de discernement, des hommes meurent, des enfants perdent leur père, l’école pleure.


Samuel, un homme qui ne cherchait ni la lumière, ni la reconnaissance et encore moins à devenir un héros de la liberté, est pourtant devenu un symbole. Il aurait préféré ne pas en être un.


Samuel restera à jamais présent dans notre vie, dans notre coeur, dans notre collège. 

Les personnels ont souhaité que des élèves ayant participé à des projets durant l’année puissent partager leurs productions durant cet hommage. Ainsi, plusieurs élèves ont déclamé   leurs slams autour de la liberté et de l’hommage à leur enseignant. Ces slams ont été produits dans le cadre d’ateliers d’écriture poétique menés avec les élèves de 3e, avec l’intervention du collectif 129H et d’un agent de prévention.

L'École

Nous, élèves

Liberté

Nuage parfait

Dans un enregistrement audio, des élèves du collège ont interprété le poème « Liberté » de Paul Eluard.

Enfin, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports, a clôturé cette cérémonie.

 

 

Mise à jour : octobre 2021