FAQ EHP Spécificités de fonctionnement à l’école - 95

 

 

FAQ : Spécificités de fonctionnement à l’école

 

  1. Comment un élève avec un haut potentiel intellectuel peut-il être en difficulté d’apprentissage ?
  2. Quelles sont les difficultés les plus fréquemment rencontrées dans les apprentissages ?
  3. Pourquoi sont-ils parfois provocateurs ou insolents ?
  4. Pourquoi les relations avec les pairs sont-elles parfois compliquées ?
  5. Pourquoi certains EHP se retrouvent-ils en décrochage scolaire ?
  6. Pourquoi les EHP ont-ils souvent des difficultés avec l’écriture ?
  7. Est-il vrai que l’enfant HP pense autrement ?

 

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1- Comment un élève à haut potentiel peut-il être en difficulté d’apprentissage ?


La majorité des élèves à haut potentiel ne rencontre pas de difficultés dans ses apprentissages scolaires. Une grande étude menée sur 16 000 collégiens a montré une corrélation entre les résultats au brevet et le QI. Un QI élevé favorise globalement la réussite scolaire il est même le meilleur prédicteur mais, pour autant, il ne peut pas toujours suffire.
Un certain nombre d’élèves à haut potentiel connait des difficultés dans ses apprentissages pour des raisons qui peuvent être en lien avec leur fonctionnement cognitif et psycho affectif particulier :

  • Un manque d’investissement et un manque d’intérêt face à des activités répétitives souvent très présentes dans les apprentissages scolaires et qui engendrent frustration et ennui.
  • Des dyssynchronies importantes entre les différentes sphères intellectuelles. Par exemple, un élève qui a un très haut niveau langagier ne va pas supporter de ne pas avoir la même aisance et la même facilité dans tous les domaines et ne va pas trouver comment s’adapter.
  • Un manque de méthodologie efficace et des fausses croyances sur ce que veut dire apprendre. Son mode de pensée plus rapide, par fulgurance et par association ainsi que sa mémoire performante lui ont permis de construire des apprentissages précoces de façon intuitive. Il ne comprend pas pourquoi il n’y arrive plus, ni comment il faut faire dès lors que les connaissances deviennent trop nombreuses ou trop complexes et nécessitent du travail personnel.
  • Des facteurs de personnalité comme une anxiété importante, un manque de confiance en soi, une peur de l’échec, une difficulté à se voir différent peuvent entraîner des sous réalisations ou de l’inhibition parfois des blocages.
  • Des troubles associés : les EHP, comme les autres enfants, peuvent être affectés par des troubles des apprentissages des troubles psychopathologiques qui vont altérer sérieusement l’expression de leur potentiel à l’école et entrainer difficultés, perte de confiance en soi et frustration.

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2- Quelles sont les difficultés les plus fréquemment rencontrées dans les apprentissages ?


Les difficultés les plus fréquemment rencontrées sont à mettre en lien avec leur profil cognitif et leur fonctionnement particulier mais là aussi, il convient de relativiser et de ne pas attribuer ces difficultés à tous les EHP. Des facteurs de personnalité et le contexte de vie ont également une grande influence.

  • Le problème de la méthodologie : de nombreux jeunes EHP ne savent pas comment apprendre. Ils ont acquis de nombreuses connaissances de façon intuitive et n’arrivent pas à s’organiser devant une tâche scolaire, ils sont souvent incapables de planifier les différentes étapes ou de justifier leurs résultats. Par ailleurs, ils n’aiment pas ça et ne fournissent effectivement pas les efforts nécessaires car ils les trouvent rébarbatifs. Ils sont souvent dénués de sens de l’effort. Des difficultés graphiques sont aussi souvent relevées.
  • Des difficultés de mémorisation : cela pourrait sembler contradictoire puisque leur mémoire est performante mais celle-ci devient insuffisante quand la quantité d’informations est trop importante ou quand le sujet les intéresse moyennement. Ils ne savent pas non plus comment trier les informations importantes de ce qui l’est moins et aller à l’essentiel pour un apprentissage par coeur.
  • Une mauvaise compréhension des consignes : les EHP ont tendance à avoir une interprétation littérale du sens des mots et à ne pas considérer qu’il y a toujours une part d’implicite dans ce qui est dit ou écrit. Ils peuvent alors répondre totalement hors sujet mais persuadés sincèrement qu’ils ont répondu à la question. Lorsqu’une consigne est trop simple, ils peuvent à l’inverse chercher le piège et s’égarer dans des complications qui n’ont pas lieu d’être.
  • Une certaine distractibilité : les EHP ont parfois du mal à maintenir leur attention sur un sujet qu’il trouve inintéressant ou trop simple. Ils ont besoin d’un niveau de complexité suffisant pour se concentrer mais il est aussi fréquent qu’ils aient besoin de bouger ou de faire autre chose en même temps. Ces signes peuvent faire penser à un trouble de l’attention avec hyperactivité mais ne l’est pas forcément. Il renvoie soit à de l’ennui, un manque de stimulation soit à un besoin de suractivité.

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3- Pourquoi sont-ils parfois provocateurs ou insolents ?


Il peut arriver que certains élèves à haut potentiel adoptent une attitude en apparence provocatrice ou insolente. Ils contestent les règles, corrigent les enseignants, négocient, contre argumentent, demandent des justifications pour tout. Les raisons de ces attitudes sont à mettre en lien avec des particularités de fonctionnement que l’on retrouve chez un certain nombre d’EHP. Elles ne sont pas forcément conscientes ou volontaires mais renvoient à des caractéristiques souvent décrites :

  • Le besoin de sens et de contrôle : la quête de sens est le moteur du fonctionnement intellectuel du jeune EHP. Il a besoin de comprendre son environnement pour pouvoir ainsi mieux le contrôler. Ces EHP ne supportent pas les imprécisions voire les erreurs de la part des adultes et peuvent donc les remettre en question. Ce fonctionnement va s’appliquer aux règles qui lui sont imposées dans la vie de tous les jours. Il va chercher les contradictions, les failles et demander des justifications à toutes obligations sans pouvoir les accepter facilement.
  • Le niveau de compétences en langage : de nombreux EHP ont un niveau de langage et de raisonnement verbal très en avance pour leur âge qui va rapidement approcher celui d’un adulte. De ce fait, ils ont du mal à accepter l’asymétrie des relations adultes/enfants ou adultes/adolescents et revendiquer les mêmes droits car ils ont le sentiment d’avoir les mêmes capacités.
  • Une grande lucidité et une hyperacuité intellectuelle qui vont l’amener à percevoir les contradictions dans le discours des adultes, mais aussi dans le monde et à, ensuite, être dans une demande de justification incessante.

En réalité, ces différentes exigences que peut avoir l’EHP et qui sont souvent mal perçues ont pour but ultime de le rassurer et de le sécuriser. Le doute et l’imprécision étant pour lui une source d’angoisse importante.

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4- Pourquoi les relations avec les pairs sont-elles parfois compliquées ?


Les difficultés dans les relations sociales ne sont pas systématiques. Au contraire, des études scientifiques longitudinales montrent que, dans l’ensemble, les EHP sont plutôt bien intégrés et épanouis socialement.
Toutefois les dyssynchronies sociales, c’est-à-dire les décalages dans le développement, sont une réalité et peuvent être une source de difficultés. Les jeunes HP ne trouvent pas parmi leurs pairs d’autres jeunes ayant les mêmes centres d’intérêt qu’eux et peuvent parfois se sentir bien différents. A l’adolescence, les relations sociales sont cruciales. En se trouvant des alter ego et un groupe d’appartenance, l’adolescent apprend à se détacher de ses parents pour construire sa propre identité. Cette construction identitaire peut alors être particulièrement difficile. Certains adolescents vont chercher à dissimuler leurs capacités pour se fondre dans la conformité, d’autres, à l’inverse, vont les mettre en avant voire les exagérer pour se distinguer mais au risque de s’isoler. Ces différences ressenties par le jeune HP, et que les autres perçoivent également, les rendent plus vulnérables au harcèlement scolaire.
A cette dyssynchronie sociale peut aussi s’ajouter une forte réactivité émotionnelle. Les études scientifiques qui ont cherché à reproduire des situations émotionnelles fortes n’ont pas validé cette hyperémotivité. Pourtant, elle est souvent rapportée aux cliniciens. Confronté à un incident en apparence bénin avec un pair, le jeune HP peut réagir de façon totalement disproportionnée et avoir plus de difficultés à faire baisser les tensions qui en découlent. Une hypothèse explicative serait que les EHP vont mettre en lien, de façon très rapide et inconsciente, un incident présent avec des réminiscences d’incidents antérieurs. La réaction démesurée serait alors en réalité la conséquence de toute une somme d’incidents passés.

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5- Pourquoi certains EHP se retrouvent-ils en décrochage scolaire ?


Même si, globalement, les EHP sont plutôt en réussite scolaire et parviennent à se socialiser sans difficultés, pour un certain nombre d’entre eux, prendre chaque jour le chemin de l’école est une souffrance qui peut aboutir au moment de l’adolescence au décrochage scolaire.
Le jeune EHP a besoin de sens, c’est ce qui le motive or il ne trouve pas toujours la réponse à ses questions et à sa curiosité dans les apprentissages scolaires formatés de la même façon pour tous les élèves. Son appétence, son avidité de savoir ne sont pas satisfaites et petit à petit, l’EHP ne voit plus ni intérêt ni utilité à l’école. L’ennui commence à prendre toute la place dans son quotidien et finit pas devenir insupportable pour lui, voire source d’angoisse. Ce qu’on lui propose ne répond pas à son besoin de stimulation.
En parallèle, il ne supporte pas les échecs et les notes trop basses à ses yeux et encore moins les remarques des enseignants qu’il peut trouver injustes. Il aime savoir mais pas apprendre et c’est ce que lui reprochent souvent ses professeurs « enfant intelligent mais qui ne travaille pas » « peut mieux faire » « doit faire des efforts » « ne justifie pas ses réponses ».
Enfin, le sentiment de décalage avec ses pairs et la difficulté qu’ont certains EHP à s’intégrer dans un groupe contribuent au ressenti de mal être à l’école. Celui-ci peut devenir tellement envahissant qu’il arrive qu’il leur soit impossible de reprendre, tous les matins, le chemin vers le collège ou le lycée.
Ces situations doivent être prises en considération car des troubles psychopathologiques durables peuvent s’installer comme la phobie scolaire ou la dépression.

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6- Pourquoi les EHP ont-ils souvent des difficultés avec l’écriture ?


Les difficultés d’écriture et de passage à l’écrit constituent une plainte récurrente chez les EHP. L’écriture peut être à peine lisible, lente et laborieuse. Les élèves décrivent souvent des douleurs dans la main ou le bras. Le passage à l’écrit reste difficile et en décalage avec l’oral.
Les EHP ne sont pas tous dysgraphiques ou dyspraxiques même si certains le sont. En revanche, on observe très souvent en fin de maternelle et début d’élémentaire un désinvestissement des activités de graphisme, de coloriage ou d’écriture car ces activités sont vécues comme inintéressantes par le jeune EHP qui préfère de loin investir le langage oral, les connaissances et la lecture. On trouve une explication à ce phénomène dans la dyssynchronie motricité/développement intellectuel. En effet, la pensée de l’enfant HP va beaucoup plus vite, il est curieux, avide d’apprendre et cherche à contrôler le monde qui l’entoure. Son développement psychomoteur ne suit pas le même rythme, le corps progresse sur un rythme plus proche de la moyenne mais du coup beaucoup plus lent et à l’origine d’une frustration pour le jeune élève.
L’enfant, par entrainement insuffisant, n’automatise pas bien le geste graphique et sa main se crispe au fur et à mesure que la quantité demandée augmente. Ce désinvestissement et ce désintérêt pour la forme au profit du fond finit par se cristalliser et peut aboutir jusqu’à un blocage qui ne fait qu’empirer au long des années. Il va entraîner un mauvais retour des enseignants, des résultats irréguliers et en dessous des attentes et aggraver une estime de soi fragile. La prise en compte de ce problème est donc essentielle.

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7- Est-il vrai que l’enfant HP pense autrement ?


Des recherches scientifiques récentes utilisant des techniques d’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle) ont mis en évidence des différences notables entre le fonctionnement du cerveau chez les EHP par rapport aux enfants dans la moyenne. Pour une même tâche, l’EHP active plus de zones corticales, les connexions sont plus nombreuses, la vitesse de transmission de l’influx nerveux est plus rapide, les liaisons entre les deux hémisphères sont plus actives. Tout se passe comme si les jeunes EHP avait dans leur cerveau un réseau de câbles plus performants et plus efficaces. Ces résultats sont venus confirmer des observations cliniques sur le fait que les EHP font des apprentissages plus précoces et plus vite, qu’ils font des liens plus rapidement et de façon plus nombreuse que la moyenne.
Toutefois, si ces différences ont été observées de façon quantitative, rien ne valide, d’un point de vue scientifique, l’idée d’un fonctionnement qualitativement différent du cerveau que l’on a appelé pensée divergente ou en arborescence. Leur rapidité entraine très probablement, une pensée associative plus efficace, mais aussi globale et simultanée ce qui ne leur permet pas toujours d’identifier les étapes par lesquelles ils sont passés. Là où les enseignants attendent une démonstration linéaire, les EHP trouvent les solutions par une sorte de fulgurance mais sont incapables de répondre à la demande méthodologique de l’enseignant.
Par ailleurs, cette pensée intuitive qui semble fonctionner sans effort particulier pourrait constituer une forme de handicap dès lors que l’on attend d’eux un engagement cognitif particulier, une implication volontaire et forcée de leur pensée sur un sujet qui ne les mobilise pas. Ils décrivent ainsi une réelle difficulté à se « mettre » au travail. C’est ce que l’on décrit comme une absence de sens de l’effort.

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Mise à jour : janvier 2022