Le mercredi 13 janvier, une conférence « Accompagner les élèves intellectuellement précoces » a été organisée par le bassin d’éducation de Rambouillet. En voici les contenus :
Qu’est-ce-que la précocité intellectuelle ? / Tests psychométriques / Signaux d’alerte
Qu’est-ce-que la précocité intellectuelle ? / Tests psychométriques / Signaux d’alerte (diaporama pptx des interventions)
L’accompagnement de la scolarité des enfants intellectuellement précoces / La communication aux familles
La prise de conscience de la singularité du mode de pensée de ces élèves est le levier qui pourra permettre l'élaboration et la mise en place d'aménagements pédagogiques adéquats.
Bien évidemment parmi ces élèves seuls ceux qui posent problème car en difficulté scolaire ont besoin d'un projet personnalisé (un tiers des EIP sont en échec scolaire). Mais si ces enfants ont des particularités : des difficultés dans le passage à l'écrit, dans la méthodologie et dans la gestion des émotions, il n'en demeure pas moins qu'ils sont uniques et les aménagements sont à adapter à chaque enfant.
Le problème du passage à l'écrit est une difficulté majeure pour un grand nombre de ces élèves et la source première de leur échec. Cette difficulté peut se retrouver dans la mise en mots de leur pensée, dans le geste même d'écriture, mais aussi dans le respect des contraintes de l'écrit et dans la motivation à écrire.
Leur raisonnement singulier fait qu'ils se perdent dans leurs pensées, chaque réflexion en amenant une autre, ils se retrouvent parfois, en expression écrite, hors sujet sans comprendre pourquoi. Il y a un grand décalage entre la richesse de leur pensée et la pauvreté des rendus écrits. Les enseignants remarquent un manque de structure et d'organisation du récit, ainsi qu'un éparpillement des connaissances à l'écrit surtout.
On remarque aussi des difficultés précocement, souvent dès l'école maternelle, ils sont malhabiles en graphisme et rencontrent des difficultés dès les premiers apprentissages des lettres. Ceci peut se manifester par une crispation physique, une lenteur à l'écriture, un tracé peu fluide et une écriture plutôt anguleuse, voire illisible, tout ceci conduisant parfois à un blocage dans le passage à l'écrit.
Deux hypothèses sont évoquées pour expliquer ces difficultés durables :
Ils ont souvent aussi des difficultés à appliquer le code orthographique. Combien d'élèves intellectuellement précoces disent : « ce qui compte c'est qu'on comprenne ce que je veux dire et non ce que j'écris ! » ?
Il y a tout un travail à faire en classe autour des méta-apprentissages : A quoi sert l'orthographe ? Pourquoi est-ce important de faire de la grammaire, de la conjugaison ?
A l'école, l'écriture est au centre des apprentissages, il y a donc nécessité en premier lieu d'alléger l'activité d'écriture tout en conservant une certaine exigence.
Pour soutenir leurs efforts dans le geste graphique, des séances d'écriture en petit groupe, en APC par exemple, sur plan vertical avec feutre effaçable et les yeux fermés peuvent les aider dans cette tâche difficile pour eux.
Afin d'évaluer leurs compétences sur le savoir proprement dit sans le biais de l'écriture, on peut privilégier les évaluations à l'oral ou avec des exercices à trous ou encore en privilégiant des questions de reconnaissance plutôt que de rappel.
L'utilisation de l'outil numérique peut leur être bénéfique. Pour l'expression écrite l'utilisation d'un plan de narration est un outil précieux pour eux. Et puis pour les motiver, proposer des projets d'écriture ayant un sens pour eux. Il y a motivation, s'il y a un objectif clair et un but précis, s'il existe un projet personnel motivé et réel. »
« Pour ces enfants, il m'arrive de préparer leur cahier du jour (écriture des verbes à conjuguer, préparation du cahier du jour avec écriture des pronoms personnels, écriture de la date, des titres, etc.) pour qu'ils se concentrent que sur la tâche à effectuer, le problème à résoudre. Cela peut paraitre étrange, mais ils peuvent rester bloqués sur la présentation. Cette simple tâche peut prendre un temps infini pour eux au détriment de la réalisation du travail demandé. Autre exemple, en conjugaison, lorsque tous les temps ont été abordés, je leur fournis des grilles de conjugaison toutes prêtes afin qu'ils effectuent pleinement les exercices de réinvestissement. Cette démarche est concluante. Les enfants s'engagent pleinement dans la tâche. » ...
... « J’ai aussi modifié les consignes du type « Recopie le texte puis entoure les compléments du verbe. » La consigne est réalisée directement à partir du texte sans que l’enfant ait besoin de le recopier. Quand ils ont compris, ils ne voient pas l’intérêt de perdre du temps à recopier le texte, d’autant qu’ils ont généralement un rapport au geste graphique très conflictuel. Tout travail doit avoir du sens pour eux !
Le travail en expression écrite est également primordial car les EIP conceptualisent rapidement mais ils éprouvent des difficultés à structurer leur pensée. Je mets à leur disposition des ordinateurs pour leur éviter d’avoir à écrire plusieurs jets au brouillon. Sinon, ils se découragent vite. » ...
... « Les EIP peuvent utiliser librement des casques anti-bruits lorsqu’ils ont besoin de se concentrer. Cela les aide à ne pas écouter ce qui se passe avec les autres niveaux de la classe. Certains des EIP ont ainsi augmenté leur vitesse de travail. »
« Ces élèves traitent préférentiellement les informations de façon simultanée et globale, ils manifestent une pensée en arborescence.
Ils emmagasinent toutes les données très rapidement et sans faire le tri, elles ont donc toutes la même importance. Une question amène à une autre question, qui elle-même renvoie à une autre question et ainsi de suite.
On pourrait dire qu'ils ont une pensée « sans limite » ! Il y a des EIP qui verbalisent le fait qu'ils se sentent prisonniers de leurs pensées...
Ils ont donc des difficultés pour restituer des informations de manière linéaire et chronologique, il est préférable de leur apprendre à se créer des cartes mentales comme trace écrite d'une leçon ou comme prise de notes au collège.
Face à un problème à résoudre, ces enfants peuvent presque immédiatement donner la solution par le biais d'un compactage inconscient des informations traitées et mises en relation avec des données déjà mémorisées et avec un raisonnement intuitif, ils trouvent la réponse facilement mais n'ont pas accès à leur procédure.
Ils n'ont pas conscience qu'on peut apprendre par étapes en mettant en place des stratégies, ils manquent de méthode et ne connaissent pas l'effort, ils savent mais ne savent pas apprendre. Ils n'adhèrent pas aux apprentissages séquentiels partant du plus simple pour aller vers la complexité.
Leur grande capacité mnésique peut aussi leur jouer des tours car ils ne font aucun travail d'élaboration sur le contenu et la structure de la connaissance à intégrer.
Ce qui signifie que leurs connaissances sont superficielles et qu'ils n'ont pas mis en place les mécanismes cognitifs nécessaires pour s'approprier véritablement la connaissance. Finalement si nous n'y prenons pas garde, ils sont en classe mais n'apprennent pas à apprendre.
Cette non élaboration des processus d'apprentissage peut les handicaper dans leur développement cognitif surtout qu'ils ont tendance à préférer travailler seuls, or pour apprendre, ils ont besoin des autres pour entendre l'explicitation des différentes stratégies et s'investir dans un conflit socio-cognitif, si déstabilisant pour eux car ils sont dans l'attitude du résultat sans possibilité d'argumenter ou de se justifier.
Ce qui est important c'est de les amener à ce qu'ils prennent conscience premièrement de leur manière d'apprendre et deuxièmement du nécessaire travail à faire pour intégrer et s'approprier le savoir.
Notre rôle est de les amener à acquérir des procédures métacognitives car comme nous venons de le voir, ils se précipitent, ils ne savent pas comment réfléchir, comment se poser des questions. Face à un problème, quelle stratégie utiliser ? Comment commencer ? Est-ce que je suis capable d'y arriver ? Ai-je besoin d'aide ?...
Mais aussi de leur apprendre à classer, à inventorier, à combattre leur impulsivité et à dégager le principal de l'accessoire. »
« Être face à un enfant qui a un fonctionnement intellectuel particulier est très perturbant pour un enseignant, surtout quand il débute.
De plus, on est déstabilisé parce que l'enfant précoce sait et ce quel que soit le domaine que l'on aborde ! Mais, en tant qu'enseignante, je ne peux pas me contenter de la bonne réponse à un problème donné. Sinon, je risque de contribuer à former des élèves blasés.
« On doit nourrir et préserver la flamme de l'envie et du plaisir que procure l'acte d'apprendre. » Isabelle Peloux.
Comme les enfants précoces ne s'expliquent pas comment ils savent, j'essaie de tout mettre en œuvre pour leur permettre de comprendre quel chemin ils ont emprunté pour trouver le résultat d'un calcul, la solution d'un problème voire même l'orthographe d'un mot.
Je les écoute très attentivement, je les encourage à parler, je reformule et je reprends leur pensée pour leur montrer que leur raisonnement est correct et qu'ils pourront recommencer la prochaine fois qu'ils devront faire face à un même type d'exercice.
J'insiste sur le fait que l'essentiel n'est pas tant le résultat que la méthode utilisée. C'est pourquoi j'encourage constamment les élèves intellectuellement précoces à verbaliser leur démarche. Je perçois que cela leur demande beaucoup d'effort, de rigueur et de concentration pour organiser leur pensée. Mais lorsqu'ils arrivent à montrer étape par étape comment ils ont abouti à tel résultat, je vois qu'ils reprennent confiance en eux car ils sont actifs dans leurs apprentissages. »
« Les affichages en mathématiques les aident à canaliser leur pensée. »
« Cette intelligence particulière s'accompagne d'une hypersensibilité et d'une affectivité envahissante ainsi que d'une émotivité exacerbée.
C'est à dire que ce qui sera une broutille pour la majorité des enfants provoquera un cataclysme chez eux. Ils ont une grande sensibilité à tout ce qui se produit dans leur environnement.
Ils ne mettent pas de distance avec leurs émotions, ils se confondent avec ce qui se joue dans la relation. Ils vivent donc des turbulences émotionnelles constantes qui viennent brouiller leur capacité d'adaptation à l'environnement.
Il est primordial de les apaiser pour qu'ils entrent dans les apprentissages et pour qu'ils vivent avec les autres des relations harmonieuses.
Ce sont des enfants qui peuvent faire preuve d'une grande susceptibilité. Lorsque les crises arrivent, le mieux est d'attendre sans rien dire, il est inutile de menacer (arrête ! sinon, tu seras puni de vélo), de culpabiliser (ce n'est pas digne d'un enfant surdoué), ou de faire honte (tu as un comportement de bébé). L'essentiel est de les amener dans un second temps à mettre des mots sur leurs émotions en leur faisant bien préciser leurs pensées et leurs ressentis physiques.
Chez eux, tout est affectif et cet envahissement est si fort qu'ils cherchent à le maîtriser, à cacher l'impact qu'ont leurs émotions sur eux, alors ils sont dans le corps (agitation, crises, colères...), ou ils intellectualisent leurs émotions ou encore ils utilisent l'auto dérision (par contre, ils supportent mal l'humour des autres sur eux !). Ces stratégies leur permettent de tenir leurs émotions à distance et de les rendre tolérables mais masquent ce qui les fait authentiquement souffrir.
Nous devons parvenir à les amener à verbaliser leurs ressentis par des ateliers de parole, par des ateliers à visées philosophiques, par des jeux sur les émotions, par des activités théâtrales, des jeux de rôle. Leur intelligence de plus est elle-même anxiogène, source d'angoisse puisqu'une question en amène une autre qui elle-même en appelle une autre, leur questionnement est infini et les amène à se poser des questions existentielles qu'ils ne peuvent assumer et auxquelles ils ne trouvent pas de réponses satisfaisantes.
Ils éprouvent fréquemment des peurs intenses. Leur regard porté sur le monde est d'une lucidité implacable à l'origine d'une anxiété diffuse constante, qui empêche toute forme de lâcher prise, elle est source d'inquiétude quand elle porte sur les êtres qui les éduquent (comment se sentir rassuré par des adultes dont on ressent la propre peur ?).
On peut les amener à s'ancrer dans le présent pour arrêter les ascenseurs émotionnels énormes et la multiplication et les enchaînements à très grande vitesse de pensées, par la pratique de la « *Pleine Conscience* » qui est une manière de méditation laïque développée aux USA par John Kabat-Zinn. En France, elle a été connue du grand public grâce au psychiatre Christophe André. Elle a aussi été adaptée aux enfants et aux adolescents.
Ceci afin qu'ils créent à l'intérieur d'eux un espace sécurisant de tranquillité, afin de ne plus être en sur-brouillage. Il a été montré par les nouvelles technologies en neurosciences que ce temps de pause intérieur permet un rééquilibrage du traitement de l'information (pensées et émotions) dans les deux hémisphères du cerveau, contribuant à un apaisement.
Leur seuil d'intolérance à la frustration est souvent très faible. Ils ont besoin de sentir les limites, leurs pensées étant sans limite, l'existence d'un cadre stable qui les contienne, eux et leurs angoisses est vitale. Ils sont aussi sensibles à l'injustice et développent une grande empathie.
Nous pouvons les aider à faire de leur sensibilité un moteur de projet dans les domaines humanitaire, écologique ou même tout simplement en aidant les autres élèves.
Ils ont une hyper vigilance émotionnelle qui est un facteur de vulnérabilité. La fréquence des maux tels que : dépression, idées suicidaires, anxiété, TOC, troubles du comportement alimentaires et du sommeil... est plus élevée chez ces enfants par rapport au reste de la population enfantine.
Il est donc primordial de prendre en considération leurs besoins spécifiques. De part leur dépendance constante au contexte affectif et cognitif, les sensibiliser à la valeur de leur investissement, reconnaître leurs besoins et valoriser les progrès même minimes, leur permettront de continuer à s'engager dans les apprentissages et dans leur relation au monde et aux autres avec sérénité. »
« Avant de commencer à « faire la classe », je prends toujours le temps (quelques secondes) d'observer mes élèves afin de voir s'ils sont disponibles pour apprendre.
Les enfants intellectuellement précoces se font rapidement remarquer car ils sont rarement tranquilles. En tant que garante de leur bien-être, je devais donc trouver des moyens pour leur permettre de s'apaiser, de se recentrer sur leur métier d'écolier.
J'ai commencé l'année dernière par leur faire faire des petits exercices de respiration. Et puis cet été, j'ai lu l'ouvrage d'Eline Snel « Calme et attentif comme une grenouille ». Dans ce livre, ce qui a particulièrement retenu mon attention, ce sont tous les exercices qui permettent aux enfants de se relaxer.
Depuis la rentrée de septembre, j'ai progressivement amené mes élèves à faire ces exercices de respiration et j'ai constaté des bienfaits immédiats pour tout le monde : les élèves sont plus attentifs et moi, plus à leur écoute, plus sereine.
Ce que vous allez voir dans la courte vidéo qui suit, c'est ce que nous pratiquons régulièrement en tout début d'après-midi lorsque je sens que le climat de la classe est tendu. Cela nous prend 10 minutes. Après ce temps transitoire, les après-midis se déroulent beaucoup plus agréablement. Les élèves sont plus actifs, plus attentifs. Je ne me répète plus. Les échanges sont constructifs car les enfants s'écoutent. Les règles de vie de classe ne sont pas enfreintes.
Tout ceci n'est qu'un début. J'envisage maintenant de travailler sur les émotions car j'ai remarqué que les enfants intellectuellement précoces ont plus de difficulté que les autres à gérer tout ce qu'ils ressentent et cela peut les bloquer dans leur métier d'écolier. »
... du fait de l'organisation pédagogique
Une réponse possible : Une salle de classe fixe par discipline en 6ème
... du fait de l'évolution de l'élève de l'enfance à l'adolescence
Les personnes ressources : Vie scolaire, médecin scolaire/IDE, professeurs, référents
... du fait des nouvelles caractéristiques de l'espace
Des réponses possibles : Course d'orientation -rentrée des 6ème (lieux/personnes), tuteurs pour les élèves de 6ème
Défaut de vigilance et mal-être peuvent être dus à
Expérience commencée en septembre 2014 avec une classe de 6ème (28 élèves) avec 7 EIP testés en primaire et 2 en cours de 6ème et poursuivie en 2015/2016 avec une classe de 6è (30 élèves) dont 8 élèves sont EIP. Mme KERHARO, professeure principale et professeure de physique en 5ème en 2015/2016 avec 5 EIP sur 28.
Témoignage de Mesdames KERHARO, professeure de physique-chimie et mathématiques et MOMBERT, professeure de français. "Nous n'avons qu'un an de recul" sur la question et nous livrons simplement un témoignage de notre expérience. L'objectif est de faire part simplement des difficultés rencontrées et des stratégies mises en place pour gérer ces élèves qui peuvent être déroutants lorsque nous ne sommes pas préparés. Les points abordés peuvent paraître peu importants mais ils nous ont permis en tant qu'enseignantes de nous positionner et nous organiser différemment la seconde année. Nous apprenons au fur et à mesure à éduquer et à aiguiser notre regard pour aider au mieux ces élèves. »
« La liaison CM2/6è : la réunion, à la prérentrée, entre les professeurs des écoles et le professeur principal pour information (PAI, PPRE, PPS, ESS et EIP) nous a aidées. Nous avons pu mettre en place plus rapidement un suivi et certaines stratégies pédagogiques. »
« Un autre moment de communication a été important : la réunion parents /professeurs qui a lieu dès la rentrée. Nous avons informé les parents de la particularité de classe composée d'un tiers d'EIP ce qui a permis d'avoir moins de questions que l'année précédente. En effet les parents d'EIP peuvent être parfois très angoissés à l'arrivée de leur enfant en 6ème car celui-ci peut avoir vécu des situations difficiles dans sa scolarité antérieure (mise à l'écart, harcèlement, difficultés scolaires...). Nous avons appelé les familles au début en début d'année scolaire en classe de 5ème. »
« L'échange d'informations et d'astuces a été aussi très important car certains collègues ne sont pas encore formés pour accueillir des EIP et cela a permis de les rassurer :
Pour cela il faut du temps pour échanger. »
« La formation des professeurs sur le sujet est essentielle car il y a des réticences par rapport à la charge de travail supplémentaire et des interrogations.
Comme pour tous les élèves, connaître la situation particulière de chacun nous a permis d'adapter notre enseignement. »
« Les EIP débordent d'émotions et les fins de journée pouvaient être pénibles car la charge émotionnelle du vécu des élèves durant la journée était importante et ils attendaient de voir le professeur principal pour régler les problèmes de la journée.
Identification de certaines causes et mises en place de solutions :
Ex : Identifier précisément les référents et vérifier les consignes de façon plus accrue ;
Ex : Eviter les perturbations extérieures pendant le cours comme les changements d'emploi du temps car cela génère une foule de questions.
« Afin d'éviter de perdre la moitié de l'heure avec leurs questions et leurs angoisses, nous avons mis en place un espace physique d'expression (tableau, ardoises, .... ) qui leur permet de noter les questions ou problèmes qui demandent une réponse du professeur mais qui n'ont pas leur place dans le déroulement du cours). Ex : le professeur répond sur les ardoises (sur lesquelles ils ont écrit leurs questions) pendant qu'ils travaillent sur un exercice ce qui permet de commencer le cours plus vite. Autres ex : balles anti stress, les laisser dessiner...
Parfois cette hypersensibilité déborde de manière violente.
Ex de solution : utilisation d'un cahier de l'interdit où l'élève écrit toutes les horreurs qu'il a envie de dire afin de ne pas gêner la classe et création d'une échelle du pas content à la manière des règles d'échelle de la douleur dans les hôpitaux pour que l'élève s'évalue. Dans ce cas de figure, le travail de communication au sein de l'équipe est important. »
« Les jeux théâtraux ont aussi été une façon intéressante de travailler la gestion du corps, l'expression des sentiments et l'intégration au groupe car ces élèves ont souvent un an d'avance ou ont subi des mises à l'écart ou du harcèlement. »
« Nous avons regroupé les EIP sur une plage horaire. Ils se retrouvent donc ensemble et nous pouvons travailler sur leurs problématiques. Pour le professeur principal, il permet aussi de faire un bilan individuel avec l'élève pendant que les autres font un travail en autonomie sur les tablettes ou autre. C'est un lieu d'écoute et d'expression. »
« Des situations d'enseignement et des élèves surprenants nous ont amenées à repenser notre pédagogie.... Face à l'inconnu, il faut sans cesse s'adapter et réinventer.
Nous avons travaillé à l'aide de plusieurs supports. »
Au lieu de s'ennuyer, elles leur ont permis d'approfondir une notion de manière ludique lorsqu'ils avaient fini les exercices, de préparer le contrôle suivant..... Ils ont travaillé sur des applications comme itooch, le projet Voltaire, sesamaths ...
Il est important de mettre en place des activités spécifiques non pas seulement dans leurs aptitudes mais également dans leurs difficultés sans les mettre en souffrance. Un nième exercice dans un manuel n'a pas de sens pour eux et génère l'ennui.
Elles peuvent également être source de stimulation, les motiver pour finir un exercice avant d'être autorisés à prendre une tablette....
Enfin, les élèves ont utilisé les tablettes pour se filmer et ainsi réviser chez eux lorsqu'ils visionnaient les vidéos sur le site du collège.»
« Ces jeux grammaticaux et littéraires qui permettent de voir ou revoir des notions en répétant le cheminement intellectuel évitent de lasser les élèves, en les faisant bouger (important pour les kinesthésiques, les fatigués...). Dans la première capsule, c'est un groupe de tutorat formé uniquement d'EIP. A cette occasion nous nous sommes rendu compte que c'était des compétiteurs, qu'ils avaient envie de passer des niveaux comme dans les exercices sur les tablettes.
Les adaptations de ce type conviennent à tous les publics puisque les élèves apprennent autrement. »
création l'an dernier d'une classe inversée sur la construction des triangles en classe de 6ème grâce à la précieuse aide de M. Stutzmann. Les élèves ont reçu des cours sous forme de ressources en ligne sur la plateforme extrapolatice qu'ils ont pu regarder chez eux. Le temps libéré en classe a donc permis de répondre davantage aux besoins individuels des élèves. Chacun travaillant à son rythme. Ainsi, les EIP, qui parfois s'ennuient lors des explications de cours car ils comprennent rapidement de nombreuses notions, n'ont plus subi ces moments-là et ont donc pu passer immédiatement aux différentes activités d'application. Le retour des EIP a été très positif.»
« Un rôle de tuteur pour l'élève qui a terminé le travail demandé. Cela n'est pas évident pour eux car ils ont du mal à expliquer leur raisonnement ; c'est donc positif pour eux et l'élève en difficulté. »
Comment adapter la trace écrite pour ceux qui sont très rapides dans leur tête mais pour qui l'écrit est difficile ?
« Certains ne voient pas l'intérêt d'écrire. Trois cas de figure : pas de réponse / réponse compliquée / réponse trop courte.
Ex : A la question : Citez une qualité d'Ulysse dans l'Odyssée et justifiez. L'élève répond : « rusé mouton ». Raccourci pour : « Ulysse est rusé car lorsqu'il s'échappe de l'antre du cyclope il se place comme ses compagnons, sous le ventre des béliers. Ainsi le cyclope, aveugle, en tâtant le dos des béliers qui sortent, ne se rend compte de rien. »
« La trace écrite peut être sous forme de polycopié à trous qui permet d'éviter le décrochage; elle permet aussi de rattraper le temps perdu à cause de leurs nombreuses questions et de la lenteur à l'écrit de certains et enfin elle permet d'avoir une trace claire. Nous n'allons pas forcément plus vite avec une classe où il y a des EIP, au contraire nous perdons du temps à cause de l'afflux de questions et du besoin urgent de réponse mais nous allons plus loin. »
« L'ordinateur ou les tablettes peuvent débloquer certains élèves. Cependant, malgré le clavier, l'aide du professeur reste souvent nécessaire. Ex d'une rédaction d'élève EIP qui refusait d'écrire : « Alors POUF le garçon et BING CRAC BOUM la grenouille dans la flaque et PAF sous la chaussure .... ». A l'oral, il explique : « Comme le professeur un peu sorcier lui a jeté un sort, le garçon se transforme en grenouille : il verdit, sa langue s'allonge, il s'accroupit et se met à faire des bonds mais il atterrit dans une flaque et se fait écraser par la chaussure d'un monsieur. »
« L'allègement hors contrôle de certains exercices permet aux « paresseux de l'écrit » de ne pas toujours noter toute la phrase ou le raisonnement, en particulier pour les exercices répétitifs. Ils peuvent écrire en abrégé, n'en rédiger correctement qu'un seul ... ».
« Un temps supplémentaire pour les contrôles comme pour les élèves ayant des aménagements. Certains ont d'ailleurs un PAI ou un PPRE car précoce ne veut pas forcément dire excellent élève ni élève rapide, ils peuvent être lents s'ils sont perfectionnistes ou s'ils ont un problème graphomoteur. »
« Si nous avons la chance d'avoir notre salle, nous pouvons faire des aménagements salvateurs pour éviter l'ennui et l'agitation. »
*Le matériel, les lieux et les moyens sont très importants* pour la prise en charge des EIP. »
jeux de concentration :
« Ce sont souvent ces petites choses qui n'ont l'air de rien mais qui ajoutées à une bienveillance et une compréhension de la différence, suffisent à éviter le décrochage de ces élèves et à rassurer les parents.
*Bilan de l'année dernière positif* : des enfants et des parents rassurés car la différence de leur enfant a été prise en compte ; cela leur a permis de s'intégrer et d'apprendre sereinement ainsi que de satisfaire leur « appétit » intellectuel.
Cependant adapter sa pédagogie peut s'avérer chronophage pour le professeur (en temps de préparation) ou pour le groupe classe mais il faut parfois accepter de perdre du temps pour en gagner. Cependant il n'est pas nécessaire d'adapter dans toutes les matières comme en SVT ou en PHYSIQUE.
*Les adaptations sont aussi valables pour les autres élèves y compris ceux en difficulté* car un des points les plus importants est la VARIETE des supports et des façons de travailler pour créer la surprise et l'envie d'apprendre. »
Le rôle de l'inspecteur de l'Éducation nationale : Intervention de Madame Myriam ABITBOL, inspectrice de l'Éducation nationale
L'école est confrontée à un paradoxe, la situation des élèves qui présentent de remarquables capacités intellectuelles mais qui ne réussissent pas dans leurs apprentissages scolaires.
L'aménagement du parcours scolaire ne peut se construire sans associer l'enfant et sa famille et recueillir leur pleine adhésion.
Deux circulaires majeures dans lesquelles la relation aux familles apparait essentielle à l'élaboration d'un parcours adapté des EIP :
La première circulaire (n°2007-158 du 17-10-2007) vise entre autres, « l'amélioration de l'information des enseignants et des parents sur la précocité intellectuelle, les signes que manifestent les élèves, les réponses qui peuvent être apportées. »
La seconde (n°2009-168 du 12-11-2009) a pour objectif « d'aider les enseignants à établir des relations bienveillantes et constructives avec les parents d'élèves intellectuellement précoces. »
L'inspecteur de l'éducation nationale a constitué un pôle ressources dans le cadre de son équipe de circonscription élargie : les conseillers pédagogiques, les psychologues et médecins scolaires, les enseignants spécialisés des RASED, les enseignants référents de scolarité sont des personnels ressources qui, auprès des enseignants, œuvrent depuis le repérage des EIP, à l'élaboration de parcours personnalisés dans le cadre de PPRE, de PPRE-passerelle ou de PAP associant les familles. Ces personnels aident, par leurs conseils, les enseignants dans leur pratique quotidienne de la classe qui peut se trouver bouleversée par la scolarisation d'un EIP. Ils sont amenés à accompagner concomitamment leurs collègues des classes ordinaires, les enfants et leurs familles.
L'IEN peut être amené à donner des conseils en amont des équipes éducatives (EE) ou des équipes de suivi de scolarisation (ESS). Il est parfois sollicité, sa participation peut permettre de restaurer une relation de confiance mutuelle entre la famille et l'École pour permettre à chacun de s'inscrire pleinement dans une dynamique de réussite.
Mise à jour : mars 2018.